Les entretiensHospi'Up

Guide

En plus du modèle de direction innovation proposé dans le Guide, Hospi'Up donne la parole aux acteurs de l'innovation en santé. Au travers des Entretiens Hospi'Up, explorez d'autres modèles d'organisations hospitalières dédiées au management de l'innovation et découvrez le point de vue d'acteurs économiques travaillant auprès des établissements sanitaires et médico-sociaux.

Entretien avec Florence Favrel-Feuillade

Directrice générale - CHU de Brest

Retranscription de l'entretien


Pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, je suis Florence Favrel-Feuillade. Je suis directrice générale du CHU de Brest depuis 2020. J'ai exercé différentes fonctions au cours de mes vingt années de carrière comme directeur dans des centres hospitaliers de proximité, dans diverses fonctions finance, qualité, système d'information, affaires médicales, stratégie. Et j'ai longtemps exercé, également, sur les activités de recherche et d'innovation.

Quelle est votre définition de l'innovation ?

L'innovation, c'est quelque chose de nouveau qui va améliorer un état antérieur. Alors, ça peut être un produit, ça peut être un service, ça peut être une organisation innovante. Il y a beaucoup de choses qui se font en termes d'innovation.

Quelle est votre définition du management de l'innovation ?

Le management de l'innovation, c'est une gestion de projet rigoureuse qui permet à la fois de générer de la créativité, de la part des personnes qui sont appelés à participer. Et en même temps du résultat et du résultat rapide avec une cadence, un rythme donné au projet.

Pourquoi avoir créé le centre d’innovation W.INN ?

Alors, pourquoi le centre W.INN, ce centre de l'innovation ? Il nous paraissait essentiel d'avoir un lieu de rencontre autour de l'innovation, puisque l'important, c'est que nos professionnels ou les startups avec lesquels nous collaborons sur des projets d'innovation puissent se retrouver et qu'on est finalement un endroit propice à la créativité, propice à la collaboration et propice à la réflexion collective autour de l'innovation.

À côté de la structuration, de l'innovation et de l'accompagnement des projets d'innovation, on a souhaité mettre en place un autre chantier qui était la direction de la transformation, en lien avec les systèmes d'information et tout ce qui était innovation digitale. Les deux sont différentes, ce sont deux de structuration qui sont différentes, mais qui peuvent s'auto-alimenter. Et donc il y a des produits qu'on peut tester dans le cadre du centre de l'innovation et qui vont ensuite être déployés dans le cadre de la stratégie de transformation du CHU. Donc ce sont deux approches qui sont différentes. Je dirais que l'innovation va identifier les organisations innovantes, les produits innovants qu’on va tester et la direction de la transformation est chargée finalement de les tester et de les diffuser beaucoup plus largement au niveau de l'établissement. Ce sont deux moments en fait très différents. Et je pense qu'en France, là où on a vraiment des progrès à faire, ce n'est pas tant sur l'accompagnement des innovations, je crois qu'on innove beaucoup. C'est sur la capacité qu'on a une fois que l'innovation a été testée et que ça a fonctionné un endroit de pouvoir la diffuser très largement dans tous les établissements. Et c'est pour ça que finalement, ce sont deux directions qui gèrent les deux bouts du processus, la direction de la recherche et l'innovation d'une part et la direction de la transformation et des systèmes d'information d’autre part.

Quel a été l’élément déclencheur ?

L'élément déclencheur, c'est la création d'une cellule innovation qui s'est faite en 2019. Elle était constituée du docteur Berrouiguet,  d'un chargé de mission, Adrien Bussard, d'une cadre supérieure, Caroline Coat, et puis d'une direction en charge de l'innovation. Et donc ils avaient commencé des réunions assez régulières pour valider, accepter des projets innovants de manière à pouvoir les tester sur le CHU ou de pouvoir les évaluer. Et donc, ces initiatives en fait, ont donné lieu à la mise en œuvre d'un certain nombre de projets relativement importants, en volume, enfin en nombre. Et il nous paraissait là encore essentiel de pouvoir l'incarner dans un lieu et de donner en fait à cette dimension d'innovation, je dirais, une maison un lieu d'accueil, de façon à afficher les ambitions du CHU en matière d'innovation en santé.

Comment vos collaborateurs ont-ils accueilli cette décision ?

Alors, l'équipe de direction a assez rapidement compris l'intérêt de mettre l'innovation au cœur finalement de notre organisation. Parce que c'est un facteur d'attractivité assez forte pour les professionnels et aussi pour le CHU, notamment vis-à-vis des startups. Et donc, il y avait un écosystème en Bretagne qui... Et puis on avait beaucoup d'acteurs de cet écosystème qui nous incitaient à créer ce lieu de l'innovation, en complément des lieux qui existait déjà. Je pense notamment au technopôle, mais je pense aussi aux structures régionales et donc on a été fortement encouragé à le faire. Et puis on avait cette équipe qui était extrêmement active et donc, en fait, toute l'équipe de direction a adhéré à l'idée d'avoir un lieu, un centre de l'innovation et d'en faire une priorité en 2020, alors même que nous étions en pleine crise sanitaire.

Vous êtes-vous inspiré d'autres modèles ?

Alors, on a créé ce centre de l'innovation en s'inspirant de ce qui a pu être fait partout, ailleurs et en même temps avec notre propre démarche. Finalement, de mêler une approche avec l'écosystème et les entreprises, et puis avec nos propres professionnels. Et avec l'idée d'en faire aussi un accompagnement en termes de management sur certains de nos projets, notamment nos projets architecturaux.

Donc, finalement, on s'est inspiré de pas mal de choses qui sont faites ailleurs, mais on a créé notre modèle, je crois, je ne sais pas si finalement, on s'est inspiré d'un modèle en particulier, mais plutôt de ce qu'on avait vu sur la structuration d'innovation dans d'autres structures, et pas forcément que des centres hospitaliers.

Existe-t-il nécessairement un continuum entre la recherche et l'innovation ?

Il y a nécessairement un continuum, de mon point de vue, entre recherche et innovation. Parce que d'abord, la recherche va apporter des résultats qui peuvent donner lieu à des idées innovantes et des produits innovants. Et donc vous allez pouvoir démontrer que telle molécule va avoir un effet induit, qu'on n'avait pas prévu et donc d'une certaine façon, c’est lié, on va recréer d'innovation derrière. Et puis l'innovation, comme je disais, elle a besoin finalement de s'assurer que ça répond à un besoin et qu’il y a un vrai bénéfice. L'innovation, ça peut être une innovation incrémentale et qui va coûter plus cher en utilisant d'autres matériaux, d'autres, je ne sais quoi. Et donc il faut se dire que le coût engendré par l'acquisition de l'innovation, finalement, il y a un intérêt du point de vue du bénéfice qui va apporter à son utilisateur. Et donc, c'est pour ça que le lien entre les deux est fondamental.

Quels objectifs avez-vous fixé au centre W.INN ?

Alors d'abord, le centre W.INN, l'objectif, c'est d'assurer la visibilité de tout l'accompagnement que le CHU réalise auprès des porteurs de projets d'innovation, que ce soient des porteurs de projets internes à l'établissement, ou que ce soient des porteurs de projets externes. Et donc, il y a une visibilité sur toutes nos activités, puisque c'est pour le CHU, c'est important pour son image de marque de montrer qu’on est vraiment au cœur de l'innovation. Ça fait partie de nos missions fondamentales. Ça, c'est le premier, la visibilité.

Le deuxième point, c'est de faire grandir nos professionnels sur leur capacité à innover et de leur dire que c'est possible de le faire et qui peuvent bénéficier d'un accompagnement. Donc un accompagnement sur les différents plans que j'ai déjà évoqué, la recherche de financements, l'évaluation de l'innovation et puis derrière la diffusion de l'innovation à d'autres utilisateurs que celui qui a conçu cette innovation.

Le troisième objectif qu'on pourrait fixer au centre W.INN. C’est finalement de faire se rencontrer des professionnels d'horizons différents, donc, des soignants, des médecins, des professionnels paramédicaux, des professionnels de l'ingénierie avec des startups, des entreprises ou des financeurs. Et donc des ateliers sont organisés justement pour faire en sorte que, sur des thématiques données, ces personnes se rencontrent et que, ensembles, elles puissent imaginer d'autres innovations que celles qui sont testées et mise en œuvre au niveau du centre W.INN.

Comment avez-vous positionné le centre W.INN au sein de l'établissement ?

Alors, le positionnement du centre W.INN. C'est donc un centre qui est, de même que la cellule innovation qui est rattachée, qui est partie prenante de la direction de la recherche et de l'innovation. Pour moi, c'était important que ce soit rattaché à la direction de la recherche et de l'innovation. Encore une fois, ce sont des processus qui sont distingués, qui sont très imbriquées. Et il y a des communications qui sont faites régulièrement en commission médicale d'établissement, en directoire, en conseil de surveillance, pour montrer à toutes nos instances à quel point l'innovation est au cœur de la stratégie de l'établissement.

Quel est le rôle de votre CHU au sein de son écosystème économique ?

Le rôle du CHU, il est majeur sur l'écosystème. C'est-à-dire que nous pouvons, par nos professionnels, créer de l'innovation, la tester et l’évaluer scientifiquement et ensuite la transférer à d'autres structures, notamment des entreprises qui vont pouvoir derrière la commercialiser, la diffuser sur tout le territoire, sur tout le territoire national, voire plus largement européen ou international. Donc, nous bénéficions de liens avec l'écosystème qui sont très positifs. On travaille avec beaucoup de startups et donc c'est important qu'elles puissent savoir que le CHU est un lieu d'expérimentation pour leurs innovations. Et qu'on est à leurs côtés pour valider leurs innovations et derrière leur permettre une croissance économique et de pouvoir vendre leurs produits au niveau national ou international.

Pour nos professionnels, le fait de pouvoir tester ses innovations, ses pouvoirs aussi être à la pointe de ce qui peut se faire au niveau national et de pouvoir finalement dans des projets managériaux, très positifs et créatifs. Parce que c'est intéressant pour les équipes, qu'elles soient soignantes ou au niveau des systèmes d'information, au niveau de l'ingénierie, finalement, d'être embarqués dans un projet qui est au-delà de ce qu'on fait quotidiennement. Et le fait de se dire qu’on est tous capables d'innover est en soi un facteur d'attractivité majeur pour nos professionnels.

Donc c'est à la fois une attractivité du CHU pour les entreprises du territoire, mais c'est aussi une attractivité pour nos professionnels de travailler avec d'autres acteurs de l'innovation et pas seulement en fait entre professionnels de santé.

Quels impacts le centre W.INN a-t-il eu sur votre établissement ?

L'impact de la création du centre de l'innovation a été important puisqu'on a pu, dès la première année, accompagner une vingtaine de nouveaux projets, trouver des financements à hauteur de 516 000 euros et on a aussi pu débloquer au niveau du fonds de dotation du CHU, Inoveo, 50 000 euros de dotation annuelle, pour amorcer un petit financement à des projets à hauteur de 5000 à 10 000 euros.

L'impact sur l'établissement du centre de l'innovation. Ça a été de démontrer notre capacité à accompagner les porteurs de projets innovants dans ces projets-là, dans la recherche de financements. Et de bien faire connaître le CHU dans sa capacité à accompagner des startups en partenariat avec des équipes médicales et paramédicales de l'établissement.

Et donc c'est un regard différent sur la capacité que nous avons à porter des projets, au-delà des projets médicaux ou des projets soignants, c'est d’accompagner d'autres types de projets. Et puis c'est aussi encourager la créativité de nos professionnels. Et puis d'une certaine façon, mettre en valeur leur créativité, leur inventivité et leur capacité à aller chercher des solutions nouvelles pour la prise en charge des patients ou des produits nouveaux, du fait de leur expérience.

Selon vous, quels sont les facteurs clés de succès ?

Les facteurs clés de succès pour mettre en place un centre de l'innovation. C'est d'avoir déjà bien travaillé avec l'écosystème, et nous en l'espèce, avec le technopôle, avec les structures existantes, pour voir à quel besoin le centre de l'innovation de l'établissement va pouvoir répondre en complémentarité. Ça, c'est le premier point.

Deuxièmement, c'est de mettre en place une équipe qui soit en capacité, et avec réactivité, d'analyser les projets qui lui sont soumis. Que ce soient des projets, en provenance de l'internet ou des projets apportés par des startups. Ça, je pense que c'est important, les startups ont besoin d’une très forte réactivité, donc il faut une équipe soudée. Et il faut aussi une équipe en capacité d'orienter très rapidement la startup vers le bon professionnel et donc le bon service concerné. Donc ça, c'est essentiel. Et puis, inversement, du service qui a une idée est potentiellement le bon partenaire privé pour accompagner le projet. Donc ça, c'est le premier conseil que je donne.

Le deuxième conseil que je donne, c'est de disposer effectivement d'un petit fonds d'amorçage qui va faciliter la mise en œuvre des projets en attendant de pouvoir aller chercher des fonds plus importants. Et donc ça, c'est à mon sens essentiel. Et puis c’est donner une visibilité aux projets qui ont réussi, aux projets qui ont a réussi à se faire financer et donc ça donne aussi une très belle image de la capacité de réussite de nos professionnels en matière d'innovation.

Si vous deviez recommencer, que feriez-vous différemment ?

Rien. Je ferais exactement comme on a fait. C'est-à-dire qu’on a d'abord posé en interne un certain nombre de jalons, réfléchit à quelle offre de service, pour nos professionnels, pour les startups, on pouvait mettre en avant. Et ensuite, finalement, une fois que les choses étaient posées, qu'on avait lancé le centre de l'innovation, on a pu travailler plus largement avec l'écosystème.

Je pense que c'est la bonne façon de procéder, parce que ça évite, finalement, qu'on génère de l'angoisse vis-à-vis des partenaires à faire ce qu’ils faisaient déjà. Et en même temps, ça a pu démontrer à ces mêmes partenaires, que l'on apportait une proposition de valeur qui était différente de leur proposition de valeur. Et c'est vrai qu’ensuite, une fois que le centre de l'innovation a été mis en place, on a pu bien repréciser vis-à-vis des différents publics, ce que nous apportions par rapport, par exemple, au technopôle ou par rapport au pôle de compétitivité régionale. Donc c'est vraiment des choses qui sont différentes, qui sont complémentaires.

Dans le monde de l'innovation, tout le monde veut intervenir. Je pense qu'il y a de la place pour tout le monde, mais que si l’on demande aux uns et aux autres, quelle est la place qui nous laisse, il ne nous reste pas forcément une grande place. Donc moi, j'ai tendance à dire qu’il faut que la structure, elle mature, elle fasse son projet et puis ensuite, dans un second temps, elle puisse s'adapter à son écosystème. Et nous, c'est comme ça qu'on a procédé. Et je pense que ça nous permet, finalement, d'avoir démontré, avant même, finalement, de pouvoir communiquer très largement sur nos premiers résultats en matière d'accompagnement des projets innovants.

Selon vous, pourquoi est-il nécessaire d'organiser le management de l'innovation ?

Quand on est hospitalier, on ne peut pas se satisfaire de ce qui est, on veut toujours mieux, pour la prise en charge de nos patients. L'innovation, c'est le meilleur moyen de pouvoir être toujours au rendez-vous des besoins de nos patients.

Pensez-vous que les innovateurs ont besoin d’être accompagnés ?

Il est essentiel en effet, de pouvoir accompagner ceux qui innovent pour plusieurs raisons. D'abord, parce que ceux qui innovent sont convaincus de l'intérêt de leurs innovations, mais encore faut-il que cette innovation finalement elle réponde à un besoin. Donc, déjà, je dirais, que notre première étape, c'est de valider l'intérêt du besoin auprès des futurs utilisateurs et de faire évoluer le produit, la prestation, le service, vers finalement la réponse aux besoins. Il y a beaucoup d'innovations qui ne servent strictement rien, en tout cas qui ne rencontre pas un besoin. Donc c'est important de pouvoir les accompagner là-dessus, valider le besoin.

Le deuxième moment crucial de l'accompagnement de la personne qui va innover et proposer un service. C'est toute la phase qui va concerner la phase technico-réglementaire ou la phase juridique et collaborative. De pouvoir se dire pour que le service, le produit puisse derrière être commercialisé, quelles sont les étapes à franchir ? Et donc ça peut être les étapes réglementaires, ça peut être des étapes de validation clinique, de la réponse du produit, donc aux besoins. Et puis ça peut être aussi de le préparer à un transfert de technologie. C'est une fois qu'on a testé, de pouvoir le valoriser auprès d'un industriel ou d'une société susceptible de commercialiser. Donc ça, c'est vraiment très important qu'on puisse accompagner la personne qui innove parce qu'elle n'a pas forcément tout ce savoir que ce soit au niveau juridique, au niveau de propriété intellectuelle, au niveau technique réglementaire.

Enfin, ce qui est important aussi dans l'accompagnement des innovations, c'est de faire savoir et de faire connaître. Une fois qu'on a bien évalué le dispositif. Et là, je trouve que le lien entre recherche et innovation a tout son sens. C'est qu'une fois qu'on a constitué le produit ou l'organisation va valider scientifiquement qu'il apporte un réel bénéfice pour les patients. Et donc c’est très important de mon point de vue, que cette validation scientifique, elle puisse se faire au titre de l'évaluation. Et les méthodes innovations sont assez différentes de la méthode de recherche qui va être de démontrer scientifiquement la valeur ajoutée du produit ou de l'organisation.

De quoi les hospitaliers ont-ils besoin pour innover ?

Alors, les hospitaliers, pour innover, ont besoin qu'on leur libère du temps à consacrer à leurs projets d'innovation. Vous avez dans nos structures et dans nos centres de l'innovation, en-tout-cas à W.INN, nous avons des professionnels qui sont en capacité de les accompagner sur la construction de leur projet, la recherche de financements, l'évaluation scientifique et technique réglementaire, et puis le transfert de technologie avec d'autres acteurs du territoire. Donc ce qui est majeur, c'est qu'ils arrivent pour faire des projets innovants, à libérer du temps, sur leur temps médical, sur le temps de soins, pour pouvoir donc construire de nouvelles innovations. Et ça, c'est essentiel et c'est ce dont on manque le plus, finalement, la capacité à libérer du temps pour se consacrer à ces projets-là.

Quels verrous lever pour faciliter le développement de l’innovation ?

Il y a plein de verrous qui existent, en France, pour favoriser l'innovation. D'abord, on a une pression forte à l'activité et si on veut innover, il faut libérer du temps pour l'innovation. Donc ça, c'est quand même un premier verrou. Il y a des pays comme le Canada, où il y a du temps accordé aux soignants pour pouvoir innover. Donc ça, il faut vraiment, à mon sens, lever ce premier verrou.

Le deuxième verrou, ce sont des verrous qui sont d'ordre technico-réglementaire, à savoir, apporter des réponses pour l'élaboration de produits de santé, rapide en termes d'évaluation. Et donc, on voit bien qu'il y a des verrous sur les dispositifs médicaux, les logiciels assimilés à des dispositifs médicaux, donc ces verrous-là, ce n'est pas tant des verrous insurmontables, que c'est une perte de temps. En fait, il faut aller beaucoup plus vite pour faire en sorte qu'entre l'idée et le marché, il ne se passe pas trop d'années. On a en France une vraie capacité à financer des projets de recherche clinique, on pourrait accélérer l'évaluation clinique des innovations par des financements dédiés à l'accompagnement des innovations, d'une part et puis en renforçant les ressources dans les établissements de santé, mobilisés pour ces évaluations cliniques.

Enfin, je dirais qu'un dernier verrou, ce sont finalement les analyses médico-économiques. Là encore, je pense qu’on fait des analyses médico économiques de manières trop réduites et que la démonstration de l'utilité d'une innovation au regard du bénéfice pour le patient est une chose, mais la démonstration de l'intérêt de l'innovation, outre le bénéfice clinique, parce qu’il fait finalement gagner dans sa globalité au système de santé. Je pense qu'on pourrait vraiment progresser. On pourrait aller beaucoup plus loin. Et on serait tous gagnants dans cette marche en avant pour l'innovation. Et puis il ne faut pas non plus mettre de côté le fait que l'innovation ça peut coûter cher et que, inversement, il est essentiel de pouvoir évaluer le bénéfice de l'innovation avant la mise sur le marché. Sinon, on aura une incapacité du système de santé e en France, en Europe, aux Etats Unis, à absorber en fait la vague d'innovation qui est devant nous. Et on voit bien tout ce qui est biothérapies, bioproduction, qu'on a des coûts de molécules qui sont à des millions d'euros l'injection et que la soutenabilité de ces innovations, elle interroge tout notre système de santé. Donc l'évaluation économique, l'impact économique de ces innovations, on doit les repenser dans leur globalité.

Personnellement, qu’est-ce que cette aventure vous apporte ?

À titre personnel, je pense que l'innovation correspond à ma volonté d'entreprendre et d'expérimenter des choses nouvelles. Donc, ça doit forcément être au cœur de l'ADN de mon projet professionnel.